Page:Vasari - Vies des peintres - t1 t2, 1841.djvu/374

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bientôt, par ces hommes même, la peinture ressuscitée, et voguant à pleines voiles vers des progrès toujours plus rapides et toujours plus grands, se vengea sur sa lente rivale, de la sujétion où elle avait été tenue si long-temps. La mosaïque perdit le sentiment de cette individualité et de cette puissance que lui avait si largement octroyées le moyen-âge, et désormais esclave résignée, satellite languissante, elle se traîna à la remorque de la peinture ; singer la peinture, s’exténuer pour approcher de ses résultats faciles, tel fut le lot de la mosaïque. La renaissance moderne ne lui fut donc pas moins dure que la décadence antique. Il faut dire, au reste, que le procédé de ces deux époques si différentes fut cependant le même à l’égard de la mosaïque. Toutes deux la tirèrent violemment de sa sphère ; l’antiquité grecque et le moyen-âge ont consacré à la mosaïque une destination indépendante et des formes particulières. La décadence romaine, la renaissance italienne, par un zèle mal compris, augmentèrent ses obligations matérielles sans pouvoir élargir ses facultés morales : c’était la tuer. Comme dans ses derniers dérèglements, au temps des empereurs, la mosaïque vint donc exhaler son dernier soupir au milieu de ses prétendus progrès. On ne comprit pas alors que ce dispendieux, pénible et monumental procédé ne pouvait absolument convenir, dans l’ensemble de la technique moderne, qu’à exprimer succinctement et à grands traits, comme l’avaient fait les Byzantins, et comme avait entendu le faire l’école du Turrita et du Giotto, les principales données de la poétique