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LUCA DELLA ROBBIA.

aussi observé des faits identiques chez nos artistes. Mais, je le répète, ce ne sont là que des exceptions. Par malheur, le vulgaire ignorant préférera toujours à une ébauche pleine d’animation et d’énergie les productions molles et flasques, amoureusement polies et léchées.

Mais revenons à Luca. Dès qu’il eut achevé les travaux dont nous parlions tout à l’heure, et qui eurent beaucoup de succès, on lui alloua la porte en bronze de la sacristie. Cette porte présente deux battants répartis en dix panneaux de forme carrée. Les angles de la bordure sont ornés de têtes d’hommes d’âge et de caractère variés. Les deux panneaux supérieurs montrent Jésus-Christ sortant de son tombeau, et la Vierge portant son fils à son cou. Chacun des quatre panneaux inférieurs renferme un Évangéliste, et enfin, les quatre derniers panneaux sont occupés par les quatre Docteurs de l’Église. Toutes ces figures, d’une netteté et d’un fini merveilleux, prouvent que l’étude de l’orfévrerie ne laissa pas que d’être fort utile à Luca.

Mais lorsque notre artiste récapitula les profits que lui procuraient ces travaux, et le temps et les fatigues qu’ils lui coûtaient, il se trouva en perte et résolut de quitter le marbre et le bronze pour chercher quelque métier plus fructueux. Il pensa que la terre se travaillait facilement, et qu’il fallait seulement imaginer un moyen capable de conserver longtemps les ouvrages de ce genre. Après de nombreux essais, il parvint à leur donner l’éclat et la durée du marbre, en les recouvrant d’un vernis