Page:Vasari - Vies des peintres - t1 t2, 1841.djvu/59

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

les ouvrages aient un caractère suffisant d’originalité spéciale et d’indépendance progressive, pour en faire, préférablement à lui, l’incontestable et premier promoteur de l’art moderne. C’est là ce qui est vraiment difficile, et ce à quoi nous renonçons, sans redouter, pour notre amour-propre de commentateurs, aucune conséquence sérieuse.

Maintenant dépêchons-nous de dire, car nous savons qu’on pourrait nous prendre en sous-œuvre par là, qu’il est possible que plusieurs artistes contemporains de Cimabue n’aient rien dû à son influence et aient montré simultanément des efforts analogues et des résultats peut-être équivalents. C’est là une chose sur laquelle nous nous expliquerons dans notre note sur la biographie de Duccio de Sienne. On y verra que le Vasari aurait pu faire jusqu’à un certain point marcher ce Siennois de front avec Cimabue ; mais on y verra aussi que la haute position dans laquelle l’histoire accepte Cimabue, quoi qu’on ait pu faire, n’est point jusqu’ici au moins une usurpation qui se puisse démontrer ; c’est là tout ce qu’il nous fallait. Il ne pouvait, en effet, nous convenir d’abandonner notre auteur attiré dans une sorte d’embûche, et laissé sans défense jusqu’ici, sous le plus lourd fatras de dissertations hostiles qui n’arrivent à rien au fond. Après cela, peu nous importe que Cimabue en toute exactitude, en toute exclusion, ait ou n’ait pas été le premier Italien qui dans la peinture manifesta les premiers symptômes de l’affranchissement de l’art et de l’artiste. Ce qu’il nous convient seulement de savoir et de savoir bien,