Page:Vasari - Vies des peintres - t1 t2, 1841.djvu/590

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sous le nom de Opus de Limogiâ, Labor Limogiæ, Opus Lemoviticum. Les antiquités de la ville de Troyes montrent un magnifique tombeau roman en argent massif du comte Henri le Large, couvert d’émaux dans le style byzantin, exécutés vers l’an 1180. Au treizième siècle, l’église de la Chapelle-en-Brie reçoit de Pierre de Nemours, évêque de Paris, coffros Lemovicenses, petits reliquaires en cuivre doré et émaillé. En 1812, deux Limousins, précurseurs de Nouaillier et de Léonard, ornent de peintures en émail le mausolée du cardinal Pierre de la Chapelle-Taillefer. Cet art était donc de temps immémorial exercé et apprécié en Europe, et l’Italie en possédait tous les secrets ; car en 1338, un orfévre siennois, Ugolino Vieri, émaillait un admirable reliquaire que l’on conserve encore aujourd’hui dans la cathédrale d’Orvieto. Un peu plus tard, mais également avant Luca della Robbia, Forzore, fils de Spinello[1], enrichissait d’émaux sur argent la mitre et la crosse de l’évêque d’Arezzo. à peu de chose près, la découverte de Luca della Robbia se réduisit à appliquer aux terres cuites les émaux ou vernis que jusqu’alors on n’avait guère songé à étendre que sur des corps ou excipients pour la plupart métalliques et à surface plate. Son invention, à notre avis, serait donc plutôt une modification qui d’ailleurs, par le progrès quelle impliquait, s’alliait parfaitement aux tendances des hommes d’alors et à l’ensemble des nouveautés qu’ils s’efforcaient d’introduire dans le domaine de l’art.

  1. Voyez le premier volume de cette traduction, page. 253.