Page:Vasari - Vies des peintres - t1 t2, 1841.djvu/669

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situé non loin d’une fontaine, à un mille environ de la ville. Armé d’une grande croix qu’il avait coutume de porter, et accompagné de tout le peuple, il sortit un matin, adressa un discours aux fidèles, et leur ordonna de détruire la fontaine et de couper le bois. Sur cet emplacement on bâtit une petite chapelle en l’honneur de la Vierge, sous le nom de Santa-Maria-delle-Grazie. Fra Bernardino chargea ensuite Parri d’y peindre la Madone glorieuse, ouvrant les bras et abritant sous son manteau le peuple d’Arezzo (3). Cette sainte image a opéré et opère encore de nombreux miracles. Plus tard, la ville d’Arezzo éleva dans le même endroit une très-belle église, où la Madone de Parri fut placée et entourée d’ornements en marbre et de figures, comme nous l’avons dit dans la vie de Luca della Robbia et d’Andrea son neveu, et comme nous le dirons dans les vies des artistes dont les ouvrages ont contribué à l’embellissement de ce saint lieu. Bientôt après, Parri peignit le portrait de saint Bernardino, en signe de la vénération qu’il lui portait, sur un grand pilastre de la vieille cathédrale et dans une chapelle dédiée au même saint. Il le représenta glorifié dans le ciel, environné d’une légion d’anges et accompagné de la Patience, de la Pauvreté et de la Charité, vertus qui ne l’abandonnèrent point jusqu’à sa mort. Le saint foule sous ses pieds des mitres d’évêques et des chapeaux de cardinaux, pour montrer qu’il avait méprisé les honneurs de ce monde. Au bas de cette composition, on voit la ville d’Arezzo telle qu’elle était alors.