Page:Vasari - Vies des peintres - t1 t2, 1841.djvu/722

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donner. Quelques jours se passèrent sans qu’il se laissât fléchir, et il ne consentit à les reprendre qu’en diminuant leur premier salaire. Ainsi leur complot tourna contre eux-mêmes.

Bientôt les rumeurs s’apaisèrent, et les gens de bonne foi avouèrent que peut-être aucun architecte ancien ou moderne n’égalait Brunelleschi. Il se concilia tous les suffrages dès qu’il eut exposé son modèle en public. On ne se lassait point d’admirer la rare intelligence avec laquelle il avait calculé les escaliers, les ouvertures pour le jour, les rampes et jusqu’aux moindres précautions. Il avait même pensé à tout ce qui était nécessaire pour établir des échafauds dans l’intérieur de la coupole, dans le cas où l’on voudrait plus tard l’orner de peintures et de mosaïques. Il avait ménagé avec art des conduits couverts et découverts pour l’écoulement des eaux, des évents pour la circulation de l’air, et pour que les tremblements de terre ne pussent nuire à l’édifice. On vit alors combien Filippo avait profité de ses études à Rome. Lorsque l’on considérait le système de la coupe des pierres, de leur liaison, et de l’équilibre des forces qui se combattaient pour s’accorder, on était, pour ainsi dire, effrayé du génie de notre architecte. Il n’y avait rien de si difficile qu’il ne sut rendre facile. Il imagina des machines formées de contrepoids et de roues, à l’aide desquelles un seul bœuf élevait des fardeaux que six paires de bœufs auraient à peine pu remuer. Les travaux étaient arrivés à une telle hauteur, que les ouvriers perdaient un temps précieux, et souffraient beaucoup de la chaleur lors-