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la boule de cuivre quatre brasses, et la croix huit brasses : ce qui donne en tout deux cent deux brasses. Jamais les anciens n’ont construit d’édifice aussi élevé ; aucun de leurs monuments ne lutte avec le ciel comme cette coupole que l’on confond souvent avec les montagnes qui entourent Florence. Le ciel semble vraiment lui porter envie, car il ne cesse de lui lancer ses foudres  (6).

Tout en s’occupant de ces travaux, Brunelleschi donna ses soins à de nombreuses entreprises que nous allons passer en revue.

Il fit de sa propre main le beau modèle du chapitre de Santa-Croce de Florence  (7), pour les Pazzi ; et celui de la maison des Busini, assez vaste pour loger deux familles. On lui doit également le modèle de la maison et de la loge degl’Innocenti, dont la voûte fut exécutée sans armature, méthode universellement adoptée aujourd’hui. Brunelleschi ayant été appelé à Milan par le duc Filippomaria pour tracer les plans d’une forteresse, confia à son ami Francesco della Lima le soin de diriger les constructions degl’Innocenti. Francesco chargea d’ornements une architrave, ce qui est contraire aux règles de l’architecture. Brunelleschi, à son retour, lui reprocha cette erreur. Francesco tâcha de s’excuser en disant qu’il avait imité ce qu’il avait vu dans le temple de San-Giovanni qui est antique. « Il n’y a que cette incorrection dans ce monument, lui répliqua Brunelleschi, et tu la mets précisément en œuvre. » On a conservé pendant plusieurs années le modèle degl’Innocenti dans la salle de la