Page:Vasari - Vies des peintres - t1 t2, 1841.djvu/757

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Dans aucun édifice, si l’on excepte le dôme du Buonarroti, la science de la construction ne fut poussée aussi loin : pas un détail, pas un accessoire, rien qui n’ait une raison, un but précis d’utilité. Si Brunelleschi emprunte à l’antiquité une voûte montant de fond, c’est que, visant à la simplicité et à la solidité, il veut éviter tout ce qui peut singer le tour de force ; s’il place sa voûte au-dessus d’un tambour, c’est pour lui assurer une plus grande stabilité, et donner plus de majesté à son dôme, qui, se trouvant ainsi élevé sur un magnifique soubassement, s’élance dans les airs et fait naître au loin, selon l’expression de M. de Chateaubriand, les douces idées d’asile pour le voyageur, d’aumône pour le pèlerin, d’hospitalité et de fraternité chrétienne pour tous. S’il adopte les voûtes ogivales du moyen-âge, c’est pour augmenter encore le caractère moral et religieux de son édifice, et, de plus, pour aplanir les difficultés de la construction. Il n’y a pas jusqu’à la lanterne qui, en formant l’amortissement de la coupole à l’extérieur, ne soit nécessaire pour l’assujettir. Nous n’avons pas besoin de nous appesantir sur l’utilité de sa double voûte, il suffit de réclamer pour lui l’honneur de cette invention, et de rappeler que Michel-Ange l’imita à Saint-Pierre de Rome. Quant à l’admirable liaison qu’il établit entre ces deux voûtes, le dôme de Santa-Maria-del-Fiore se charge de répondre, après quatre siècles, qu’il lui devra la durée de l’éternité.

Ne voir en Brunelleschi qu’un habile construc-