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DONATO.

tit, se voila la face, se couvrit de cendres et implora pardon. Mais l’Église, oubliant, dans son juste ressentiment, les préceptes de charité du Crucifié, le repoussa du pied, lacéra et brûla ses tableaux, faucha et broya ses statues, renversa ses temples et promena la charrue sur leurs décombres. Saint Martin dans les Gaules, l’évêque Marcel en Syrie, l’archevêque Théophile à Alexandrie, sont les ministres de son implacable vengeance. L’illustre Symmaque, le vénérable Libanius, déploient toute leur éloquence pour attendrir Théodose. Écoutez Libanius ; après avoir dépeint les ravages exercés dans les villes sur les images et les sanctuaires, il s’exprime ainsi : « Dans nos campagnes se rendent les ennemis des temples ; ils se dispersent, se réunissent ensuite, et se racontent leurs exploits : celui-là rougit qui n’est pas le plus criminel. Ils vont, comme des torrents, sillonnant la contrée et bondissant contre la maison des dieux. La campagne, privée de temples, est sans yeux ; elle est ruinée, détruite, morte : les temples, ô empereur ! sont la vie des champs… C’est aux temples que le laboureur confie sa femme, ses enfants, ses bœufs, ses moissons… Les chrétiens n’ont-ils pas une loi conçue en ces termes : Pratiquez la douceur ; ayez horreur de la nécessité ou de la contrainte ? Pourquoi donc se précipitent-ils sur nos temples avec tant de fureur[1] ? » Mais Théodose, le pénitent de saint Ambroise, avait posé au sénat cette question : Quel

  1. Libanius, pro templis ; traduction de M. de Chateaubriand.