Page:Vasari - Vies des peintres - t1 t2, 1841.djvu/832

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sans doute, moins de science, moins de hardiesse, que celui qu’il avait repoussé ; mais aussi il offrait plus d’élégance et de simplicité, et portait une empreinte plus franche et plus pure de son utilité. Si Michelozzo emprunta à l’antiquité, comme Donatello l’avait fait pour la sculpture, et Masaccio pour la peinture, il sut néanmoins rester original. S’il se servit de quelques détails, de quelques belles et nobles ordonnances de l’art antique, ce fut en les harmonisant d’une manière tout à fait neuve avec les formes générales dont les mœurs et les habitudes de son époque exigeaient la conservation. Les édifices de Michelozzo autres que ceux cités plus haut ne dénotent pas moins de tact, d’esprit intelligent et même de génie. Bruneîleschi n’avait osé répudier dans son palais Pitti les traditions d’austérité léguées par l’ancienne Étrurie. À la vérité, il avait bien essayé de s’en écarter un peu, en remplissant de chambranles les ouvertures cintrées de son rez-de-chaussée ; mais leurs profils, si nobles et si purs qu’ils fussent, ne pouvaient rompre la pesante monotonie d’une façade percée de vingt-trois croisées seulement sur une longueur de quatre-vingt-dix toises. Michelozzo, avec plus d’audace et de bonheur, introduisit la variété dans la façade de son palais Médicis, tout en se gardant bien néanmoins de lui enlever le caractère de la force, de la grandeur et de la majesté. Ses essais dans la voie de l’ornement ont paru à certaines gens indignes de remarque ; mais ils suffirent pour lui mériter les suffrages d’hommes probablement moins savants ou moins