Page:Vasari - Vies des peintres - t1 t2, 1841.djvu/864

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Padoue, de Vérone et de Vicence, parce que ces villes sont sous le joug de Venise, et il refuse à Rome les hommes d’Orvietto, d’Assise, de Pérouse, de Foligno, parce que le lien qui attache ces villes à la métropole ne lui semble pas un motif déterminant. Ces pauvretés, émises sérieusement, copiées, ressassées sérieusement et à satiété, ont trouvé créance auprès des gens superficiels et inattentifs. Mais on n’hésitera pas, nous l’espérons, à remettre Rome en possession des artistes sortis de ses états ; et, une fois ce fait accompli, les preuves historiques de l’existence et de la richesse de son école ne manqueront pas.

L’origine de l’école romaine, de même que celle de plusieurs autres écoles d’Italie, est environnée d’ombres et de mystères. Le Manni, le Piacenza, le Crespi ont répandu une fable qui est encore aujourd’hui accueillie par la superstition populaire. Ils attribuent à l’Évangéliste saint Luc ces vieux tableaux que l’on trouve surtout dans le Latium et la Sabine, lorsque l’on ose s’aventurer dans ces tristes campagnes ravagées par la mal’aria. Mais sur toutes ces images on voit l’enfant Jésus entre les bras de sa mère, et l’on sait que jusqu’à la moitié du cinquième siècle, où cet usage fut introduit à l’occasion du concile d’Éphèse, on ne représentait la Vierge que dans l’attitude de la prière, les mains étendues vers le ciel ; des vitraux et des bas-reliefs de sarcophages de ce temps, que l’on conserve à Rome, à Bologne et à Velletri, en font foi. Cela suffit pour démontrer la fausseté des légendes qu’on a voulu accré-