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PIETRO PERUGINO,
peintre.

La vie de Pietro Perugino montre clairement que la pauvreté sert parfois le génie, en le poussant à faire de merveilleux efforts pour se délivrer de ses étreintes. Le malheur chassa Pietro de Pérouse. Il se rendit à Florence, où il espérait que son travail lui procurerait une meilleure condition. Pendant plusieurs mois, il n’eut pas d’autre lit qu’un coffre. Nuit et jour il se livrait à l’étude avec un zèle infatigable. La peinture était son seul plaisir. Il avait toujours devant les yeux le hideux fantôme de la pauvreté, qui lui donnait le courage d’entreprendre des choses devant lesquelles il aurait reculé, s’il eût possédé quelques ressources. Il se serait endormi dans la richesse ; la pauvreté le secoua de telle façon, qu’il voulut à toute force sortir de cet état misérable, et sinon parvenir au plus haut rang, du moins se placer hors des atteintes du besoin. Pour arriver un jour à vivre à l’aise et en repos, il brava le froid, la faim, la fatigue, les incommodités de tout genre, et même la honte. Il disait, en forme de proverbe, que le beau temps doit nécessairement venir après