Page:Vasari - Vies des peintres - t3 t4, 1841.djvu/461

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ne le trahissent pour rendre les difficultés extrêmes et les finesses merveilleuses que son imagination se plaisait à créer. Alors, repris par ses caprices, il étudiait la philosophie des choses naturelles, qui le menait à connaître la propriété des plantes, et à observer le mouvement du soleil, de la lune et des astres.

Comme nous l’avons déjà dit, Léonard étudiait le dessin chez Andrea del Verrocchio. Celui-ci le chargea un jour de peindre un ange dans un Baptême du Christ. La figure du jeune élève se trouvait tellement supérieure à celle du maître, qu’Andrea, désespéré de se voir vaincu par un enfant, renonça pour toujours à la peinture.

On confia à Léonard un carton d’après lequel on devait exécuter en Flandre une portière, tissue de soie et d’or, destinée au roi de Portugal. Ce carton représentait Adam et Ève dans le paradis terrestre, au moment de leur désobéissance. Léonard dessina en grisaille, et à la brosse, plusieurs animaux dans une prairie émaillée de mille fleurs, qu’il rendit avec une précision et une vérité inouïes. Les feuilles et les branches d’un figuier sont exécutées avec une telle patience et un tel amour, qu’on ne peut vraiment comprendre la constance de ce talent. On voit aussi un palmier, auquel il a su donner un si grand ressort par la disposition et la parfaite entente des courbures de ses palmes, que nul autre n’y serait arrivé. Malheureusement la portière fut abandonnée, et le carton est aujourd’hui dans la maison fortunée du magnifique Octavien de Médicis, auquel il a été donné, il y a peu de temps, par l’oncle de Léonard.