Page:Vasari - Vies des peintres - t3 t4, 1841.djvu/570

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ce long séjour, le Bramante toucha à tout ce qu’il y avait d’éminent dans cette ville florissante. Comblé de travaux et de magnifiques récompenses, par ces souverains habiles qui cachaient leurs usurpations sous le faste des arts, le Bramante se trouva bien placé au milieu de ce concours d’artistes et de savants, que le malheur des temps et la fortune des Sforce groupaient à Milan. Il s’y rencontra avec tous ces Grecs expatriés qu’avait attirés la munificence du duc François et du cardinal Ascanio, son frère ; brillante élite d’un peuple abîmé qui sauvait, en les propageant dans les chaires et les conférences de l’Europe occidentale, les dernières et précieuses traditions de l’antiquité. Il s’y rencontra encore avec ces architectes du nord, ces hardis bâtisseurs allemands, derniers représentants des traditions de l’art gothique dont le Vasari ne parle pas, mais qui furent convoqués à Milan par Ludovic Sforce, alors que toutes les lumières de l’Italie ne paraissaient pas assez rassurantes pour couronner dignement la fameuse cathédrale, ce grand œuvre du siècle[1].

Le Vasari n’a pas négligé de dire que le Bramante suivit avec curiosité ces magnifiques travaux. Mais nous pensons qu’il fit davantage, et qu’il y coopéra. En effet, lorsque nous le voyons incontestablement employé en première ligne par Ludovic et sa cour, nous devons croire qu’il ne demeura pas étranger à cette grande édification, à laquelle tant d’autres participèrent, surtout si l’on veut remarquer que Cesare

  1. Gaet. Franchetti, Storia e decrizione del duomo di Milano. — 1821.