Page:Vasari - Vies des peintres - t3 t4, 1841.djvu/709

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les portraits du pape Léon X, du cardinal Jules de Médicis et du cardinal de Rossi ; ces trois figures semblent vivantes ; on croit entendre le froissement du damas dont le pape est revêtu, les fourrures sont d’une souplesse parfaite ; l’or, la soie et le lustre des étoffes sont rendus avec une vérité incroyable ; il y a encore un livre relié en vélin et orné de miniatures, et une sonnette d’argent, au-dessus de tout éloge ; nous n’oublierons pas la boule d’or du fauteuil où siége le pape ; les épaules de Sa Sainteté, les fenêtres et les murailles de la salle s’y reflétent comme dans un miroir. On peut dire avec assurance qu’aucun maître ne pourra jamais atteindre à cette perfection  (30). Ce tableau, qui est encore à Florence dans la galerie du duc, valut une riche récompense à Raphaël. Il déploya le même art dans les portraits des ducs Laurent et Julien ; on les voit aujourd’hui, à Florence, chez les héritiers d’Octavien de Médicis (31). La gloire et la fortune de Raphaël s’accroissaient chaque jour ; aussi, pour laisser de lui un monument, il éleva un palais dans Borgo-Nuovo ; Bramante en dirigea la construction, et fit usage d’un procédé nouveau qui consistait à couler, en quelque sorte, dans des moules les parties saillantes du revêtement de l’édifice (32). La réputation que tant de beaux ouvrages avaient acquise à Raphaël passa en France et en Flandre. Albert Durer, peintre allemand, d’un haut mérite, et très habile graveur sur cuivre, lui paya son tribut d’hommages, et lui envoya son portrait peint à la gouache par lui-même sur une toile extrêmement fine. Sans avoir employé