Page:Vasari - Vies des peintres - t3 t4, 1841.djvu/795

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genre était, on peut le croire, le seul qui répondît aux besoins de l’architecture gothique ; mais c’était à condition de rester franchement dans la donnée mystique qui avait rendu leur art si populaire, leur art qui était né directement du symbolisme chrétien. Du moment qu’ils s’imaginèrent lui faire faire un pas en avant en sacrifiant l’effet, l’éclat et la physionomie toute particulière de leurs œuvres, pour y introduire la régularité, la science et la pureté italiennes, ils le tuèrent réellement. La peinture sur verre n’avait rien à gagner à vouloir lutter ainsi avec les chefs-d’œuvre de la toile ou de la fresque ; ce n’était pas là son affaire : elle y perdait la saillie, la richesse, et tout le prestige qui la recommandaient ; et, malgré toute son habileté, elle ne pouvait compenser cela. L’épuration des contours, le ménagement du clair-obscur, la vérité du ton, ne valaient pas pour elle la sauvage crudité du trait et la couleur éclatante, criarde, si l’on veut, des anciennes verrières. Cimabué avait reçu la peinture des mains des mosaïstes grecs ; la mission de son école et de sa descendance artistique était de la pousser à la réhabilitation de toutes les formes grecques. Les verriers étaient exclusivement héritiers de l’art gothique, et l’on peut regretter qu’ils se soient moins énergiquement défendus dans leur patrimoine. Mais le malheur est qu’ils voulurent individualiser leur œuvre, et qu’ils s’éprirent à la gloire inintelligente qui s’attache aux travaux de difficultés vaincues. Ils en vinrent bientôt, comme Guglielmo da Marcilla, à entreprendre de traduire