Page:Vasari - Vies des peintres - t3 t4, 1841.djvu/81

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

attendre au coin d’une rue son malheureux ami, qu’il perça de coups mortels. Il retourna ensuite à Santa-Maria-Nuova, se renferma dans son atelier et se remit tranquillement à dessiner. Plusieurs personnes étant accourues au bruit sur le lieu témoin du crime, s’empressèrent d’aller annoncer cette triste nouvelle au traître Andrea, qui joua le désespoir et ne cessa de répéter : « Hélas ! mon frère, mon pauvre frère ! » Domenico rendit le dernier soupir entre les bras de son meurtrier, qui, malgré toutes les recherches, aurait même échappé au soupçon, si, à l’heure de sa mort, il n’eût confessé son horrible forfait.

Andrea laissa une Assomption, avec deux figures, à San-Miniato, et une Vierge dans un tabernacle, à Lanchetta, hors de la porte della Croce. Il orna la maison des Carducci, qui aujourd’hui appartient aux Pandolfini, de portraits d’hommes célèbres, dont il peignit les uns d’imagination, et les autres d’après nature, comme Filippo Spano degli Scolari, Dante, Petrarca et Boccaccio. À la Scarperia, dans le Mugello, il fit, au-dessus de la porte du palais du vicaire, une figure nue de la Charité, d’une grande beauté, mais qui a été gâtée depuis.

L’an 1478, lorsque les Pazzi et leurs complices eurent tué Julien de Médicis et blessé son frère Laurent, à Santa-Maria-del-Fiore, la seigneurie de Florence, pour flétrir la mémoire de ces conjurés, résolut de les faire peindre comme traîtres sur la façade du palais du podestat. Cet ouvrage fut offert à Andrea, qui, en sa qualité de protégé des Médicis, l’accepta avec empressement. Du reste, il fit là un