Page:Vasari - Vies des peintres - t3 t4, 1841.djvu/811

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salle qui a été presque entièrement changée de nos jours, comme nous le dirons dans un autre lieu. Le talent du Cronaca, et aussi l’amitié que lui portait le Savonarola, lui firent adjuger l’exécution de cette belle entreprise qu’il acheva avec beaucoup d’habileté et de promptitude. L’étendue et surtout la largeur de cette salle exigèrent, pour sa couverture, des moyens de charpente extraordinaires, et le Cronaca y fit preuve de beaucoup d’adresse et de capacité. Il composa l’entrait du comble, qui d’un mur à l’autre a trente-huit brasses, de plusieurs poutres coupées d’onglet, parfaitement enfourchées, car il n’était pas possible de trouver des pièces de bois qui eussent la grandeur nécessaire. Dans les autres édifices les arbalétriers n’ont ordinairement qu’un poinçon, mais chaque arbalétrier de cette salle en a trois, un grand dans le milieu et un plus petit de chaque côté ; les traverses et les jambes de force de chaque poinçon sont longues à proportion. J’ajouterai que les jambes de force des plus petits poinçons pointent du côté du mur dans la traverse, et vers le milieu dans la jambe de force du plus grand poinçon.

J’ai donné la description de ces pièces, parce qu’elles furent exécutées avec beaucoup d’art. J’ai vu plusieurs artistes les dessiner pour les envoyer comme modèles dans divers lieux. Lorsque l’on eut posé ces arbalétriers, à six brasses l’un de l’autre, on acheva le toit en très peu de temps ; puis le Cronaca fit confectionner le plancher en bois ordinaire et divisé en caissons. Chaque côté de cette salle