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Page:Vasari - Vies des peintres - t5 t6, 1841.djvu/448

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universelle, et aussi solidement ancré que qui que ce fût.

À l’âge de vingt-six ans il retourna dans sa patrie, où, durant un séjour de quelques mois, il donna d’excellentes preuves de son savoir. En effet, il y peignit dans la cathédrale le premier tableau de la Madone, qui renferme, outre la Vierge, saint Crescenzio, saint Vitale, et un petit ange assis à terre et jouant de la viole avec une grâce vraiment divine. Vincenzio exécuta ensuite, dans l’église de la Trinità, un autre tableau pour le maître-autel, à gauche duquel il fit de plus une sainte Apolline.

Ces ouvrages et d’autres que nous ne mentionnerons pas ayant porté au loin le nom de Timoleo, Raphaël appela avec instances notre artiste à Rome, où il l’accueillit avec cette ineffable gracieuseté qui le distinguait à un si haut point. Vincenzio avait à peine passé une année auprès de Raphaël, que déjà il avait grandement augmenté non-seulement son talent, mais encore sa fortune ; car à cette époque il envoya chez lui de bonnes sommes d’argent. Il travailla avec le maître dans l’église de la Face, et il y peignit de sa main et de son invention les admirables Sibylles qui occupent les lunettes à droite. Ce fait, affirmé par maintes personnes qui se souviennent d’avoir vu Vincenzio à l’œuvre, est encore prouvé par les cartons que possèdent ses héritiers. Il fit pareillement ensuite, pour l’oratoire de Santa-Caterina de Sienne, le catafalque de la sainte titulaire et tout ce qui l’entoure. Bien que quelques Siennois, trop épris de leur pays, s’obsti-