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Page:Vasari - Vies des peintres - t5 t6, 1841.djvu/450

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Dans la même église, il laissa une Madeleine dont le visage divin exprime l’amour qu’elle portait à son maître ; les cheveux de la sainte descendent jusqu’à terre, et sont rendus avec tant de vérité qu’ils semblent agités par le vent. À Sant’-Agata, il y a de notre artiste un autre tableau avec de très-bonnes figures. À San-Bernardino, hors de la ville, il fit cette Annonciation si admirée qui est à droite de l’autel des Bonaventuri, gentilshommes d’Urbin. La Vierge, debout et les mains jointes, lève les yeux au ciel ; un ange lui montre, au milieu d’un cercle lumineux, un petit enfant qui, un pied posé sur le Saint-Esprit en forme de colombe, donne la bénédiction d’une main, tandis que de l’autre il tient un globe, emblème du monde. À droite de la Vierge se tient saint Jean-Baptiste, vêtu d’une peau de chameau déchirée, et à gauche un saint Sébastien entièrement nu et attaché à un arbre. Ce personnage est exécuté avec un tel soin, qu’il ne saurait avoir plus de relief ni être plus beau.

Les illustrissimes ducs d’Urbin ont, de la main de Vincenzio, un Apollon et deux Muses à moitié nues, dans un étudiole secret. Pour les mêmes princes, notre artiste fit plusieurs tableaux et divers ornements de chambre d’une rare perfection. Il représenta ensuite avec le Genga, sur des caparaçons de chevaux qui furent envoyés au roi de France, des animaux d’une telle beauté, qu’on les croirait doués de vie et de mouvement. Enfin il exécuta quelques arcs de triomphe, semblables à ceux des anciens, lorsque l’illustrissime duchesse Leonora vint trou-