Page:Vasari - Vies des peintres - t9 t10, 1842.djvu/41

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poussa si loin le fini, qu’aucune miniature n’en approche. D’après ce portrait, qui est très ressemblant et que l’on voit aujourd’hui dans la galerie du duc Cosme, il en exécuta un grand que le duc Alexandre donna plus tard à la signora Taddea Malespina, sœur de la marquise di Massa. Niccolò da Montaguto, ayant demandé de la part du duc à Jacopo ce qu’il désirait pour récompense, notre artiste, soit par timidité, soit par modestie, réclama tout juste l’argent nécessaire pour dégager son manteau qu’il avait laissé en nantissement chez un préteur sur gages. Sa simplicité divertit beaucoup Son Altesse, qui ne réussit pas sans peine à le déterminer à accepter cinquante écus d’or et une pension.

Sur ces entrefaites, Jacopo acheva la Vénus mentionnée plus haut. Mais le Bettini, au mépris de ce qui avait été convenu, n’eut pas ce tableau. Certains larrons de cour, pour plaire au duc, l’enlevèrent presque de force à Jacopo, qui restitua au Bettini son carton. Michel-Ange fut très-irrité de l’injure qui avait été faite à son ami. Il manifesta son mécontentement à Jacopo, qui cependant ne pouvait être accusé de déloyauté ; car, bien qu’il eût reçu cinquante écus pour sa Vénus, il ne l’avait cédée que sur l’ordre du duc son seigneur. Quelques personnes assurent même que les excessives exigences du Bettini furent surtout la cause de tout ce qui arriva en cette circonstance.

Les bénéfices que le Pontormo avait réalisés lui permirent de songer à arranger sa maison ; toutefois il n’y opéra que des changements de peu d’impor-