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UNE VENGEANCE

Ses larges épaules, ses mains velues et nerveuses témoignaient d’une force peu commune.

— Cette femme me trompait avec une impudence sans égale, dit-il, en promenant son regard ironique sur l’assistance. Elle s’était enfuie avec son amant, et, pendant deux ans, je la cherchai, sans découvrir le moindre indice qui pût me mettre sur ses traces. Je m’étais promis de me venger, et, lorsque le hasard me fit enfin trouver les amoureux, je méditai longuement sur le châtiment qu’il convenait de leur imposer.

» Pour enlever une femme, au temps où nous vivons, et se murer avec elle dans un vieux château lugubre et délabré, il fallait que le ravisseur fût un être déséquilibré, exalté, maladif, romanesque : une espèce absolument rare et singulière. Je cherchai donc un châtiment approprié au caractère de cet amant émérite. Ayant résolu, tout d’abord la mort de Bérénice, je pensai qu’il serait inutile de commettre un second crime, et que la vue constante du cadavre chéri de l’amante suffirait à tuer l’amant. Il ne s’agissait plus que de donner à ce cadavre une forme décente et acceptable.

» J’eus recours aux étonnantes découvertes de la science pour atteindre ce but : Un de mes amis, le savant docteur X…, dont vous connaissez les remarquables travaux, s’occupe spécia-