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LES DEMI-SEXES

dait anxieusement : « Que veut-il ? Pourquoi me poursuit-il avec un tel acharnement ?… » Son âme tressaillait de colère impuissante, ses jambes ne la soutenaient plus, son cœur battait follement, tout son corps semblait meurtri par une inconcevable courbature. Cet accablement venait de la haine qu’elle sentait peser sur elle et qu’elle ne pouvait ni apaiser ni braver. Elle se disait : « Pourquoi ce passé revient-il sans cesse ?… Avant de connaître Georges, je n’avais subi aucun entraînement ; je n’avais que des instincts, des curiosités et des appétits ; je voulais tout connaître sans rien risquer, et je n’ai, en somme, fait de mal qu’à moi-même. Mes sens savouraient sans se griser jamais ; je comprenais trop pour perdre la tête, je raisonnais et j’analysais trop bien mes goûts pour les subir aveuglément. Et voilà que cet homme qui me menace aujourd’hui s’est imposé à moi ; malgré moi, malgré ma répulsion et ma résistance, il m’a dicté sa volonté et me soumet encore par sa seule présence !… De quel droit, après tout ?… » Résolument elle s’approcha de Philippe :

— Je vous ordonne de partir ! dit-elle à voix basse.

Il répondit de même, sans la regarder :