Page:Verhaeren - Émile Verhaeren, 1883-1896, 1896.djvu/31

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Vieilles, tannées
Par la douleur et les années :
Les défroques pour tes tombeaux
Et les cibles pour tes couteaux. »

— La Mort, dites, les bonnes gens,
La Mort est soûle :
Sa tête oscille et roule
Comme une boule.

La Mort a bu du sang
Comme un vin frais et bienfaisant ;
Il coule doux aux joints de la cuirasse
De sa carcasse.

La Mort a mis sur le comptoir
Un écu noir ;
Elle en voudra pour ses argents
Au cabaret des pauvres gens.

« Notre-Dame la Mort, c’est nous les vieux des guerres
Tumultuaires,
Tronçons mornes et terribles entailles
De la forêt des victoires et des batailles ;