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œuvres de émile verhaeren

Y appuyaient leur bouche,
Et, dans un gonflement de la gorge et des seins,
Sonnaient vers les vents de la gloire
La vie ardente et la victoire.

Sur les marbres des escaliers,
Les bras géants des chandeliers
Dressaient leurs cires enflammées,
Les encensoirs volaient dans les fumées ;
Les ex-votos luisaient comme un fourmillement
D’yeux et de cœurs, dans l’ombre ;
L’orgue, ainsi qu’une marée, immensément
Grondait ; des rafales de voix sans nombre
Sortaient du temple et résonnaient jusqu’au beffroi ;
Et le prêtre vêtu d’orfroi,
Au milieu des pennons brandis et des bombardes,
Levait l’épée et lentement traçait avec la garde,
Sur le front des héros, le signe de la croix.

Oh ! ces autels, pareils à des brasiers sculptés,
Avec leur flore énorme et leurs feux exaltés !
Massifs et violents, exorbitants et fous,
Ils demeurent encor, parmi les villes mortes,
Debout,
Alors qu’on n’entend plus les chefs et leurs escortes
— Sabres, clairons, soleils, lances, drapeaux, tambours —