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les villes à pignons
Chaque matin qu’un scandale se carre
Les deux pieds dans sa boue.


Elles serrent, sous leur noir bonnet,

La vigilance aiguë et sombre,
Et leur œil dur surveille et reconnaît,
Rien qu’à leur ombre,
Tous ceux qui passent,

Sur le trottoir d’en face.


Ce que disent les murs,

Ce que dévoilent les fenêtres,
Leur angoisse veut le connaître.
Dessous fangeux, recoins obscurs,
Elles flairent comme des chiennes
L’existence quotidienne
Des plus humbles et des plus hauts ;
L’ample ménage du notaire
Et la famille du vicaire
Et les affaires du bedeau,
Tout est raclé sous les limes falotes

Et féroces de leurs parlotes.