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les villes à pignons


Comme à bout d’elle-même,

Une heure ou deux, quand le soleil s’amène,
Longtemps, longtemps,
L’oreille encore écoute,
Goutte après goutte,
Ses tintements derniers

Dans la gouttière des greniers.


Et les trottoirs et leurs pavés

Luisent comme des os et des moignons
Obstinément lavés ;
Et les ancres des vieux pignons
Se souillent
De pleurs de fer, de pleurs de rouille ;
Et lassé d’être un peu du temps,
Leur millésime est là, qui pend ;
Quand tout à coup, un auvent claque,
Et l’eau recommence très longuement
À choir,
Jusques au soir,

Parmi les flaques.


Dans les recoins et les retraits

Des impasses et des ruelles,
La pluie
À tout jamais

Semble chez elle.