Page:Verhaeren - Almanach, 1895.djvu/27

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

MAI

LA PETITE VIERGE




La petite Vierge Marie
passe les soirs de mai par la prairie,
ses pieds légers frôlant les brumes,
ses deux pieds blancs comme deux plumes.

S’en va comme une infante,
corsage droit, jupes bouffantes,
avec un bruit bougeant
et clair de chapelet d’argent.

Aux deux côtés de la rivière
poussent par tas des fleurs trémières,
et la Vierge, de berge en berge,
cherche les lys royaux
et les iris debout sur l’eau
comme flamberges.