Page:Verhaeren - Almanach, 1895.djvu/48

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Dreling, dreling,
c’est la fête de tous les Saints.

Ceux-ci sont les patrons des carrefours,
où les commères les injurient,
à poings tendus, avec furie,
dès qu’ils ajournent leurs secours ;
et tels sont gras et tels sont maigres,
les uns bossus, les autres droits,
mais tous avec des ors, comme autrefois
les mages blancs et les rois nègres.

Dreling, dreling,
c’est la fête de tous les Saints.

Il en est dont la pauvre image
orne le môle d’un vieux port
et que l’orage en ses doigts tord
sur leur petit socle à ramages ;
d’autres sont là, au fond d’un bois,
dans une niche en porcelaine,
d’où leur tête d’un trop gros poids
a chu dans l’eau de leur fontaine.