Page:Verhaeren - Deux Drames, 1917.djvu/146

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

À coups d’audace et de haine fécondes,
D’entre les mains
Mortes, mais tragiques encor de Charles-Quint,
Ce sceptre d’or qui fit de l’Espagne, le monde !

DON CARLOS (se reprenant)

Ô les grands souvenirs qui me frôlent le front !
Ô paroles qui me brûlent, comme des flammes !
Ô tout ce qui me chante au cœur, à l’unisson
Des merveilleuses voix dont résonne ton âme !
Je respire l’ardeur en me penchant vers toi,
Tu me rends tout l’espoir par ta seule présence.
Oh ! que l’heure est donc belle et vivant le silence,
Et que tes yeux sont beaux, quand ils aiment ton roi !

LA COMTESSE

Viens nous aimer, Carlos, la nuit est la parure
Faite d’ombre et de feu qui entoure l’amour,
Le vieux Mançanarès à ses roseaux murmure
Les légendes d’Espagne où tu luiras, un jour,
Comme un fier empereur qui s’en revint de guerre,
En clair et bel arroi, en jeune et franc maintien,