Page:Verhaeren - Hélène de Sparte, 1912.djvu/44

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(à la foule des citoyens)


Et vous les vignerons, les semeurs et les pâtres
Dont les gestes sont clairs et les labeurs féconds
Au long des eaux, au pied des monts, autour des âtres
Vous avez répandu l’abondance, partout.
Et tandis que là-bas, la terre était sanglante
Et que le meurtre noir nous sollicitait tous,
Vous n’occupiez vos mains qu’aux laines et qu’aux plantes,
Qu’aux grappes de vos ceps, qu’aux herbes de vos clos.
Chacun de vous, en ne peinant que pour soi-même
A travaillé pour tous, d’un bras ferme et dispos.
Il a rendu meilleur le sol que chacun aime
Et Sparte plus fertile, et le pays plus doux.
Vous avez lentement apaisé les querelles
Qui vous dressaient, jadis, comme un troupeau de loups.
Je vous crois donc heureux et je vous sais fidèles
Et mon cœur se détend et s’en revient ici,
Sauvé enfin des carnages et des tempêtes
Se reposer sans plus d’émois ni de soucis
Dans ma maison en joie et ma patrie en fête.


(Ménélas prenant la main d’Hélène,