Page:Verhaeren - La Guirlande des dunes, 1907.djvu/100

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C’est grâce à vous qu’ils sont fermes et durs, les gars.
Qu’ils sont têtus dans le travail et dans la peine,
Qu’ils font, sans le savoir, belle, la race humaine
Qui marche à larges pas, vers le péril hagard
Avec le seul désir de vaincre un destin morne.
C’est vous qui faites l’homme ardent, calme, hautain,
Entre le danger d’hier et celui de demain,
Quand le sombre équinoxe et ses ouragans cornent.
C’est grâce à vous que les filles aiment dûment,
Malgré la crainte au cœur d’être trop tôt des veuves,
Ceux qui s’en vont, sans se plaindre, dans l’âpre épreuve,
Gagner le pain des jours, avec acharnement ;
Et que toutes, à l’heure où les rudes tendresses
Mêlent les chairs, au fond des chaumières, là-bas,
Servent le franc repas d’amour aux hommes las
De la brume sournoise et des houles traîtresses.
Pays des vents de l’Ouest et des bises du Nord,
Souffles chargés de sel et pénétrés d’iode,
Vous imprégnez les corps rugueux de santé chaude
Et vous armez de père en fils, les peuples forts,
Pour qu’ils marquent de leur vouloir autoritaire,
Le coin triste mais doux que leur offrit la terre.
Et qu’importe, qu’au long des flots, la ville, un jour,
Ait bâti ses maisons, ses dômes et ses tours


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