Page:Verhaeren - La Guirlande des dunes, 1907.djvu/26

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Pays de labours verts autour de blancs villages ;
Pays de poings boudeurs et de fronts redoutés ;
Pays de patiente et sourde volonté ;
Pays de fête rouge ou de pâle silence ;
Clos de tranquillité ou champs de violence,
Tu te dardes dans tes beffrois et dans tes tours,
Comme en un cri géant vers l’inconnu des jours !
Chaque brique, chaque moellon ou chaque pierre,
Renferme un peu de ta douleur héréditaire
Ou de ta joie éparse aux âges de grandeur ;
Tours de longs deuils passés ou beffrois de splendeur,
Vous êtes des témoins dont nul ne se délivre ;
Votre ombre est là, sur mes pensers et sur mes livres,
Sur mes gestes nouant ma vie avec sa mort.
O que mon cœur toujours reste avec vous d’accord !
Qu’il puise en vous l’orgueil et la fermeté haute,
Tours debout près des flots, tours debout près des côtes,
Et que tous ceux qui s’en viennent des pays clairs
Que brûle le soleil, à l’autre bout des mers,
Sachent, rien qu’en longeant nos grèves taciturnes,
Rien qu’en posant le pied sur notre sol glacé,
Quel vieux peuple rugueux vous leur symbolisez
Vous les tours de Nieuport, de Lisiveghe et de Furnes !