Page:Verhaeren - Les Ailes rouges de la guerre, 1916.djvu/150

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Leur âme en devient résignée,
Si douce en est la vision,
Lorsque vous frôle un lent rayon
Au long des murs où les couches sont alignées.

Le médicament fade et froid
Et même la tasse où se fanent
Les quatre fleurs d’une tisane
Se dore à la clarté qu’y rassemblent vos doigts.

Tout s’embellit et se rehausse ;
Et néanmoins la mort est là
Qui rôde et regarde déjà
À travers les carreaux vers le terrain des fosses.

Ô le tragique et lumineux hôpital blanc
Assis en des jardins dont les rosiers dolents
Confient aux vents qui passent
Les parfums délicats de leurs floraisons lasses,
En quelle heure d’émoi, de crainte et de menace
Vous ai-je visité avec mon cœur tremblant ?