Page:Verhaeren - Les Ailes rouges de la guerre, 1916.djvu/169

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Et d’humeur si contraire,
Que l’on voudrait soudainement
Peu importe comment
Finir la guerre.

Devant le front, c’est les postes d’écoute
Qui se dressent aux coins dissimulés dés routes.
Toujours,
Quelqu’un y veille, nuit et jour.
Il guette au loin l’espace, et l’espace le guette ;
Il vit dissimulé dans l’immense tempête,
Le cœur et l’esprit angoissés,
Sous le déchaînement des feux entrecroisés.
Parfois, quand le soir tombe, en été, sur les plaines,
Il entend les crapauds dans les mares prochaines
Paisiblement siffler comme aux temps d’autrefois,
Où il était, parmi les champs ou dans les bois,
Celui qui fait dûment pour le bien de la terre
Les gestes clairs, puissants et millénaires.