Page:Verhaeren - Les Ailes rouges de la guerre, 1916.djvu/179

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Nous l’avons veillé tous, jusqu’à l’aube blêmie ;
Puis l’avons laissé là
Dans sa tombe de soldat,
Avec la mer pour amie.

Depuis
Le sort, tantôt clément, tantôt contraire,
Nous dispersa d’île en île, là-bas, au loin,
Partout où de nos bras sanglants avaient besoin
La France et l’Angleterre.

Mais nul de nous, jamais, n’a desserré le lien
Qui l’unissait au disparu dans la mort noire
Et l’on songeait à lui, avec ferveur et gloire,
Dès qu’on se battait bien.

Plus tard, lorsque la paix docile
Nous sera revenue avec sa force douce,
Nous irons rechercher sous le thym et la mousse
Sa tombe, au cœur de l’île.