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III


Russie ardente et glaciale,
Je me suis attardé longtemps parmi les dalles
Qui recouvrent de marbres blancs et de croix d’or
Les énormes cercueils de tes empereurs morts ;
C’était à Pétrograde en l’église Saint-Pierre ;
Un peuple doux s’y prosternait de pierre en pierre,
Offrant quelque humble cierge au résineux parfum
À la grande Tzarine ou au grand Tzar défunt ;
Un geste tendre accompagnait ce don minime ;
Tout s’y prouvait familial et unanime ;
Quelque chose de très profond s’accomplissait
Pieusement, comme en secret,
Au fond de ces cœurs bons qui tiraient leur prière
Dieu sait de quelle entente obscure et millénaire.