Page:Verhaeren - Les Ailes rouges de la guerre, 1916.djvu/209

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Tu veux dominer seule, afin que, seule, l’ombre
Que projette ton aigle avec son aile sombre
Obscurcisse l’éclat des races variées
Et des peuples divers qui règnent sous le ciel.
La force belle, en ton cerveau, s’est dévoyée ;
L’égoïsme sacré y devint criminel ;
Ton droit ne fut jamais qu’orgueil et qu’insolence
Et tu salis en ce temps-ci
Jusques à la science
Que ton esprit rapace arrache à l’infini.

Hélas ! bien que le renouveau anime l’air
Et que, le soir,
Les yeux croient voir
Se lever au zénith un geste d’Uranie,
Reste voilé, ciel vaste et clair :
Rien ne présage encor la paix dans l’harmonie,
Puisque là-bas, au loin, du haut de ses montagnes
Où sa férocité s’accule,
Nous menace toujours et nous hait l’Allemagne,
La faiseuse de crépuscule.