Page:Verhaeren - Les Ailes rouges de la guerre, 1916.djvu/231

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Pour qu’il fût l’ornement et la clarté du monde ;
Ses yeux dont la lueur était probe et profonde,
Tu leur appris un jour l’espionnage ardent ;
Tu glissas le mensonge atroce entre ses dents
Et sa langue se fit perfide et acérée ;
Tu détournas ses bras des besognes sacrées
Et les rendis experts aux métiers de la mort ;
Tu faussas l’homme et dans son âme et dans son corps,
Le surveillant toujours pour que jamais la force
Droite et fière n’entrât triomphante en son torse
Et ne dressât son front délivré vers les cieux ;
Tu rabaissas sur lui tes poings astucieux,
Bienheureuse d’être à tel point morne et terrible ;
L’honneur et les serments s’égaraient dans ton crible,
L’or de leur grain s’en échappait pulvérisé ;
Tu fis sortir de Dieu le mal organisé
Et peu à peu ce mal composa la prière
Que ton rouge empereur promenait sur la terre
Pour séduire et tromper les papes et les rois.

Allemagne, Allemagne,
L’horreur de tous côtés autour de toi s’accroît ;