Page:Verhaeren - Les Blés mouvants, 1912.djvu/17

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Rôder dans les vergers des hommes ;
D’autres ont aperçu la fée au manteau bleu
Qui se glissait entre les saules
Avec un ver luisant fixé sur son épaule ;
Quelques-unes se complaisent aux longs détours
Pour visiter les croix qu’on dresse aux carrefours
Ou les vierges qu’on fête en des niches de pierre ;
Et les voici, celles qui ont senti la guerre
Et sa bondissante colère
Passer.

Pendant l’hiver morne et tassé
Autour des âtres,
Les grand’routes grisâtres
Semblent traîner au loin sous un ciel lourd et bas.
Mais dès que les beaux jours les réchauffent là-bas
Toutes se réveillent jeunes comme la vie.
Leurs grands gestes à travers champs convient
Au travail vaste et clair,
Hommes, chevaux, herses, charrettes