Page:Verhaeren - Les Blés mouvants, 1912.djvu/93

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J’ai séjourné longtemps et soigné les troupeaux ;
Ou bien encor, là-bas, en Flandre, au bord des flots
D’où je voyais les barques
Allant, venant où la pêche les parque
Avec leurs grands mâts clairs
Et leur voilure et leurs cordages
Comme de mobiles villages
Peupler la mer.
Ce sont de longs sablons et des régions rêches
Que ces pays couverts de tempête et d’embrun.


LE JARDINIER

La plaine avec ses jardins verts aux ombres fraîches
A nourri mon enfance et mes jours un à un.
Aujourd’hui je suis vieux ; mais l’art dont je dispose
S’exerce encore à étager au long des murs,
D’après un jeu savant, d’après un métier sûr,
La parure épineuse et flexible des roses.