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J’ai pour voisin et compagnon
Un vaste et puissant paysage
Qui change et luit comme un visage
Devant le seuil de ma maison.

Sous l’azur froid qui le diapre,
L’hiver, il accueille mes pas,
Pour aiguiser à ses frimas
Ma volonté rugueuse et âpre.

Lorsqu’en mai brillent les taillis,
Tout mon être tremble et chatoie
De l’immense frisson de joie
Dont son feuillage a tressailli.

En août, quand les moissons proclament
Les triomphes de la clarté,
Je fais régner le bel été
Avec son calme dans mon âme.