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J’ai pour voisin et compagnon
Un vaste et puissant paysage
Qui change et luit comme un visage
Devant le seuil de ma maison.

Dites, vous ai-je aimés, retraites,
Coteaux feuillus, sources des bois,
Antres où résonnait ma voix,
Avec sa force enfin refaite !

Plus rien de vous n’est étranger
Au cœur ému de ma mémoire ;
On ne sait quoi de péremptoire
Entre nous tous s’est échangé.

Aussi quand ma vie accomplie
Ployant sous le poing noir du sort
Ira se perdre dans la mort,
Doux ciel ami, je te supplie