Page:Verhaeren - Les Flammes hautes, 1917.pdf/32

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


Ils y glissaient au long des murs comme des ombres
Et leur quartier dévot serrait tout leur destin.
Un carillon alerte y secouait les heures
Et les cloches y imposaient leurs voix majeures ;
Et maintenant,
Plus rien ne s’y entend
Que, de l’aurore au soir, un bruit grinçant de chaînes
Et le han du travail et la voix des sirènes.

Ainsi s’en va tout le passé
Broyé, tordu et dispersé,
Avec ses carrefours et ses vieilles ruelles,
Et déjà monte et luit jusques à l’horizon,
Toujours plus haut, l’orgueil des tours et des maisons,
Bourdonnantes du bruit de leurs foules nouvelles.

Ô travaux rassemblés pour créer l’avenir !
Tonnerres merveilleux de puissance ordonnée,
Comme vous avez mis à bas le souvenir
De ceux qui parquaient là leur vie emprisonnée !