Page:Verhaeren - Les Forces tumultueuses, 1902.djvu/145

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S’ils haïssent, ils n’ont que des haines d’idées,
Leur cause est leur orgueil et le tourment
De ne la point aimer, assez éperdument,
Tient seul, pendant la nuit, leurs âmes obsédées.

La pitié, aucun d’entre eux
N’en veut.
Ce qu’ils veulent ? C’est d’être, à travers temps,
Un cri si fort de nerfs et de muscles tordus,
Qu’après cent ans,
Son épouvante encor, malgré la mort,
Soit entendu ;
C’est d’allumer le feu des tragiques exemples
— Lueurs montant plus haut que le fronton des temples —
C’est de brûler, comme des torches
Toutes en sang, au seuil des porches,
Où régneront, un jour, maîtres du bien,
Ceux qui veulent une équité totale — ou rien.

Ô leur inécrasable et rouge confiance,
Leur orageux silence ou leur acharnement,
Leurs cris profonds chargés de conscience
Qui traversent le monde, ainsi qu’un châtiment,
Vous ne les vaincrez pas, bourreaux déments et mornes,