Page:Verhaeren - Les Forces tumultueuses, 1902.djvu/69

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Arrive — et nous serons les exaltés du monde,
De la terre, de la forêt et des cieux roux,
L’univers sera mien, quand j’aurai tes genoux
Et ton ventre et ton sein et la bouche profonde,
À labourer sous mon amour fécond et fou.

Je me suis embarqué, dans une île gonflée
De grands désirs pareils à des souffles venus
D’un pays jeune et ingénu ;
Un fier destin les guide et les condense, ici,
Comme un faisceau de voix, d’appels, de cris,
Au cœur des batailles et des mêlées.

Les yeux des étangs bleus et l’extase des flores
Regarderont passer notre double beauté,
Et les oiseaux, par les midis diamantés,
Scintilleront, ainsi que des joyaux sonores.

Nous foulerons des chemins frais et flamboyants,
Qu’enlacera l’écharpe d’eau des sources pures,
Un air de baume et d’or que chaque aurore épure
Assouplira nos corps en les vivifiant.

Nos cœurs tendus et forts s’exalteront ensemble
Pour plus et mieux comprendre et pour comprendre encor