Page:Verhaeren - Les Forces tumultueuses, 1902.djvu/90

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Ô les clairs voyageurs qui vont pareils aux dieux !
Le monde entier est repensé par leurs cervelles ;
Ils enserrent la terre en des routes nouvelles,
Joignent les Océans et conquièrent les cieux.
Un fil d’airain chargé de sonores paroles
Vibre dans l’étendue — et les pensers a’envolent
De l’un à l’autre bout de l’univers dompté ;
Toute la vie, avec ses lois, avec ses formes,
— Multiples doigts noueux de quelque main énorme —
S’entr’ouvre et se referme en un poing : l’unité ;
Et les sillages sûrs que d’escale en escale,
Par les mers d’encre ou d’or, tracent les vaisseaux clairs
Semblent le grand faisceau mondial des nerfs
Qui contractent les doigts de cette main totale.