Page:Verhaeren - Les Forces tumultueuses, 1902.djvu/96

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Chaque âge exige enfin du temps son rapt de flamme
Et s’il est vrai qu’après mille et mille ans, toujours,
Quelque inconnu nouveau surgisse au bord de l’âme,
Les poètes sont là pour y darder l’amour,

Pour l’explorer et l’exalter avant les sages,
Sans que les dieux s’en reviennent comme jadis
Introniser leur foi dans les vallons des âges
Pâles encor d’éclairs et d’oracles brandis.

Car maintenant que la voie est tracée, immense,
Droite et nette, tout à la fois ; car maintenant
Qu’on regarde partir, robuste et rayonnant,
Vers son travail, l’élan d’un siècle qui commence ;

Le cri de Faust n’est plus nôtre ! L’orgueil des fronts
Luit haut et clair, à contre vent, parmi nos routes,
L’ardeur est revenue en nous ; morts sont les doutes
Et nous croyons déjà ce que d’autres sauront.