Page:Verhaeren - Les Héros, 1908.djvu/42

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
29


Et ce ne fut en un instant, que heurts, chocs, chutes,
Cris et rages. Et puis la mort dans un marais.

« Ils choient larges et drus, comme au vent, les javelles, »
Dit Guillaume, tandis que des charges nouvelles
Tombaient et s’écrasaient sur des cadavres frais
Et que d’autres suivaient et puis d’autres encore
Et puis d’autres, si loin, que l’horizon entier
— Feux d’armures mêlés aux lumières d’aurore —
Semblait d’un élan fou bondir vers les charniers.

La France était atteinte et la Flandre sauvée.

Aussi, quand après mille efforts,
La rage au cœur, mais la force énervée,
Sur le pont mou que leur faisaient les morts,
Les ducs et barons, sur leurs chevaux de guerre,
Passèrent,
Leur fougue se brisa contre le fer flamand.

Ce fut un rouge, féroce et merveilleux moment.
Guillaume de Juliers marchait de proie en proie,