Page:Verhaeren - Les Héros, 1908.djvu/77

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
64

Rien n’arrêta jamais sa rude patience
À pénétrer jusques au fond de votre horreur
Pour en tirer les ors cachés de sa science.


Son regard était net, sa main prompte mais sûre ;
Il enfonçait sa torche au trou d’une blessure ;
Il disséquait, la nuit, sans hâte et sans erreur.
Ceux qui passaient sous sa fenêtre ardente
Ignoraient tous quelle œuvre fécondante,
Grâce à lui seul, la Flandre élaborait,
Et quel arbre géant, dans la forêt
Farouche et maigre encor des certitudes,
Tenacement, son effort clair régénérait.
Lui seul cherchait ; tous les autres couvaient l’étude
En des livres rongés par les rats et le temps ;
Leur cerveau était clos et leur esprit battant
Au tambour creux des rengaines sonores :
Gallien n’est plus qu’un nom dont Pergame s’honore,
Jamais il ne scruta les fils ni les réseaux
Qui dans le corps humain relient entre eux les os.
L’animal seul le tint penché sur son mystère,
Si bien que le feu d’or que Vésale brandit,
Large, puissant, serein, autoritaire,